vendredi 5 juin 2009

Les Karawanken et Le Loibl Pass : grandeur et cruauté de l'homme et de la nature

Aux premiers jours du mois de Juin, j'ai eu la chance de m'aventurer dans le massif des Karawanken. Ces montagnes escarpées au sud de Klagenfurt marquent la frontière avec la Slovénie voisine. Certes, elles ne dépassent pas les 2000 à 2500 mètres, mais la morphologie de ces sommets, fait des Karawanken une barrière naturelle entre deux pays aujourd'hui, entre deux mondes hier : le monde germanique au nord, et le monde slave au sud, un pays neutre et capitaliste face à un pays de la Yougoslavie Titiste...



La dualité des choses ne m'a rarement autant frappé que dans les Karawanken, et notamment à travers l'histoire du tunnel du Loiblpass. Aujourd'hui, c'est au milieu de ce tunnel que l'on passe de l'Autriche à la Slovénie.
Désormais, grâce à la construction de cet ouvrage et à la libre circulation des hommes et des marchandises au sein de l'espace Schengen ; ce passage d'un versant à l'autre de la montagne n'est qu'une formalité. Tout au plus constatez-vous le changement de langue des panneaux, et les postes frontières laissés à l'abandon... Cette liberté que j'ai rescenti quand je suis passé sans m'arrêter d'un pays à un autre me parait tellement normale aujourd'hui, que j'ai du mal a m'imaginer qu'il y a à peine deux décennies, du temps du rideau de fer, cette frontière était belle et bien réele...

Car avant 1990, il n'en a pas toujours été ainsi en Europe de cette liberté "d'aller, vivre et devenir". C'est ce que nous apprend l'histoire de la construction de ce tunnel et de la route qui y mène - côté autrichien. Une route étroite, serpantant dans des gorges profondes...

En effet, le tunnel du Loiblpass a été construit durant la seconde guerre mondiale par des déportés politiques, sous les coups et les sévisses de commandos SS délégués du camp d'extermination de Mauthausen. Un mémorial a été construit en contrebas du tunnel côté slovène, à l'emplacement des anciens baraquements du camp de travail.

Ce monument noire et triste contraste avec la beauté de ces montagnes au printemps, couvertes de verts paturages, de fleurs, de sapins... Ces montagnes devrait ressembler à un havre de paix, repos et plaisir des sens : leur doux parfum, leur silence, la fraicheur de l'air réchauffé par les rayons d'un soleil aux éclats...



Cependant quand vous vous approchez de ce mémorial, votre esprit comprend au premier regard que ces lieux ont un triste passé. Au milieu du mémorial trone un squelette, emprisonné par 4 piliers de pierre noire sur lesquels sont mentionnés en une dizaine de langues différentes l'histoire des martyrs du nazisme du Loiblpass. Ce squelette lève les bras au ciel, comme pour nous dire que les Hommes qui ont souffert et sont morts ici, n'ont finalement recouvré la liberté que dans l'au-delà...

Voici ce qui est écrit sur ces pierres : " De 1943 à 1945 sur ces lieux,se trouvait l'annexe du camp de concentration de Mauthausen. Des déportés polititiques de France, de Pologne, d'Union Soviétique, de Tchécoslovaquie, de Belgique, du Luxembourg, d'Italie, de Norvège et de Yougoslavie y ont souffert et y sont morts en creusant le tunnel de Ljubelj."



La plupart des déportés furent des français, et tous heureusement ne sont pas morts au Loiblpass. L'un d'entre eux, André Lacaze a écrit Le Tunnel une oeuvre majeure et unique sur l'horreur des camps nazis. Cette oeuvre retrace le courage quotidien pour (sur)vivre de ces Hommes du Loiblpass...
(cf. lien vers Blog Lisons.info )

Après de telles découvertes, au milieu d'une nature si magnifique, vous poursuivez votre route bouleversé, plein d'interrogations, de doutes...

Retraversez le tunnel une seconde fois, et vous vous demanderez comment ces Hommes ont pu survivre en creusant cette montagne...

En périodes de révisions pour le bac philo et d'élections européennes, je concluerai ainsi :

Enlevez moi ma Liberté, et là je saurai la valeur de la Liberté !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire